Le premier élément de la digue du port militaire fut construit entre
1839 et 1848, sur une longueur de 70 mètres, à partir de la grève des
Quatre Pompes. Son but était de faciliter le ravitaillement en eau
douce sur ce site, choisi par la Marine Royale plus d'un siècle
auparavant. L'eau de la vallée avait, en effet, des qualités de pureté
et de conservation (avant 1719, le lieu s'appelait même Quatre
Fontaines).
La jetée s'allonge.
Entre 1890 et 1900, cette longueur, terminée par un musoir (avancée),
fut portée à 210m. A partir de là, il est laissé une ouverture libre de
280m, permettant le passage des navires. C'était la passe ouest, par
rapport aux travaux qui allaient suivre. Pour nous, Quilbignonais,
cette jetée s'appelait jusqu'alors le Môle... Bref, au delà de la passe
ouest, et pour terminer celle-ci (tournée donc vers le goulet)
construction d'un autre musoir et prolongement des travaux sur 1550m...
Enfin de 1900 à 1905, les 750 derniers mètres aboutissant à la passe
sud actuelle. Soit au total, une longueur de 2800m.
Il faut fermer la passe ouest
Mais il s'est avéré que la passe ouest, quoique pratique par beau
temps, l'était beaucoup moins quand les éléments se déchaînaient. De ce
fait, la rade-abri n'était plus tellement dans son rôle de protection.
Cette passe fut donc fermée entre 1930 et 1934. Dès lors, l'enceinte du
port militaire se révélait vraiment efficace contre les assauts de la
mer.
Les combats de 1944 l'ont fait souffrir...
Hélas, lors des durs combats de la Libération, en 1944, l'occupant
sabota l'ouvrage en plusieurs endroits. Les quatre brèches de la jetée
ouest furent comblées de 1948 à 1953 avec, en surplus, la construction
d'un épi pour pétrolier, devant la base des sous-marins. Quant aux cinq
brèches de la jetée sud, elles furent obturées de 1956 à 1958. Enfin,
de 1962 à 1964, la jetée, à partir des
Quatre Pompes, est élargie sur une longueur de 2000m, avec déflecteur
de houle (1) vers l'extérieur et encorbellement côté rade-abri. De part cet élargissement, les véhicules, y compris les cars, pouvaient circuler.
Enfin
entre 1968 et 1970, construction de 2 épis de porte-avions (numérotés 3
et 4, le 1 et le 2 n'ayant pas été réalisés car le nombre de porte-avions s'est limité à 2).
Au
niveau de l'entretien, de gros travaux ont eu lieu en 1999 concernant
l'enrochement de protection et le jointement des éléments de base.
Images d'un autre temps
Hommage aux carriers de Plouarzel, de Lannildut et de Porspoder qui ont
travaillé à la fourniture des pierres pour la construction de cette
digue et plus récemment aux carriers de Saint Renan pour la fourniture
de 10000 tonnes de granit :
- Le père Mod surnommé Le Gaulois (moustaches)
- tonton Victor véritable tailleur artiste
- Edmond, toujours pieds-nus, arme secrète pour écraser les vipères particulièrement nombreuses parmi les pierres. Il faisait, chaque jour, le trajet Kervéatouz (à l'ouest
de Saint Renan) jusqu'à Lannildut, donc environ 10 km,
pieds nus pour ne pas user ses sabots lacés autour du cou. Ces derniers
n'étaient donc pour lui que des chaussures de sécurité !
C'était un autre temps. Sources: Michel Floch historien de Saint Pierre
Le télégramme de BrestDocuments de Job Le Borgne. Porspoder.
voir aussi Echo de Saint-Pierre n°191 de mars 2007
F. Kergonou
(1) arrondi permettant le rejet de la houle vers l'extérieur