ECHO DE SAINT-PIERRE N° 128 - Décembre 2000

PASSIONNE d'ARCHEOLOGIE

    J'ai la chance, d'une part, d'habiter Saint-Pierre et d'autre part, d'exercer le métier d'agriculteur les deux principales amorces de cette passion.

    En effet, Saint Pierre, est un véritable site stratégique. Du promontoire facile à défendre à l'activité commerciale ou bien militaire, il dispose d'une multitude d'aménagements de sites bien caractéristiques avec ses forts, ses blockhaus, ses nombreux manoirs ou moulins à Lac'hantel, Laninguer, Kerivin ou Traon-Bihan ou encore Milin ar Rouzig. Kergoff, Le Buis...

    De plus, la ferme où je suis né, que j'habite encore actuellement et que j'exploite m'offre un large éventail, à la fois des terres mais également certains anciens bâtiments comme cette vieille grange que l'on dit multicentenaire...

    Tous ces lieux et leurs légendes n'ont pu qu'aiguiser ma curiosité et celle des autres...

Parfois, au hasard des rencontres, des gens très intéressés par l'Histoire m'ont interrogé sur des découvertes possibles de vestiges, de fondations, de tours ... Je me souviens surtout de deux rencontres, l'une vers 1980 et l'autre en1990. Je leur parlai alors des découvertes réalisées sur une parcelle, entre autre au nord-est de Traon Bihan.

    En effet, deux fois, lors de travaux agricoles, des engins avaient provoqué l'effondrement de voûtes et de cavités, ce qui avait suscité ma curiosité ma curiosité et déclenché l'envie d'engager des fouilles.

    J'ai alors pris conseil auprès de spécialistes, et rencontré une personne qui m'a dirigé vers la lecture de différents ouvrages d'archéologie.

    De la même manière, j'ai contacté les enseignants de la faculté d'histoire de Brest.

    A travers mes lectures, j'ai ainsi pu affiner mes recherches et mieux définir les objets trouvés. J'ai alors pu reconnaître une hache à douille, des haches en bronze ou en pierre polie. J'ai pu partager mes réflexion et trouvailles avec d'autres. Une première conférence de Bernard TANGUY  de Saint-Pierre puis d'autres conférences auxquelles j'ai pu participer sur Brest ont été de véritables stimulateurs, je voulais en savoir encore davantage, avoir des réponses concrètes à certaines de mes interrogations mais surtout développer mes recherches...

    Ainsi, les différentes découvertes qui en ont découlé m'ont permis de rejoindre les équipes de prospecteurs, dirigés et animées par Pierre GOULETQUER, Chargé de Recherche au CNRS CRBC (Centre de Recherche Bretonne et Celtique) et conservateur du musée de Penmac'h.

   Celui-ci parlant des "derniers chasseurs-cueilleurs du Finistère" :

"Depuis une dizaine d'années des équipes de chercheurs prospectent méthodiquement les terres cultivées du Finistère à la recherche de pierres taillées qui leur permettront de retracer les parcours de migration des hommes de la Préhistoire. Les roches utilisées, silex des plages, mais aussi grès divers et autres roches siliceuses qui jalonnent les transhumances des tribus du Mésolithique, déjà en voie de sédentarisation". Des rives de l'Odet à la baie de Morlaix, des cordons de galets de Tréguennec jusqu'aux confins du Morbihan, du Léon au Trégor, Pierre Gouletquer propose de nous faire entrer un peu plus avant dans cette recherche des comportements préhistoriques, dont les témoins sont à portée de main.

   Pour conclure, je dirais que la pratique de l'archéologie depuis plus de 5 ans sur des terres que l'on connaît bien, peut paraître aujourd'hui plus facile, à l'inverse, elle soulève de nombreuses questions.

   A travers ces sites, c'est plus de 5000 ans de présence humaine qui apparaît, qui nous laisse des traces ; toutes ces civilisations qui se sont succédées et qui nous ont laissé un environnement viable.

   On peut alors se demander ce que nous faisons de notre côté pour faire de même... sans polluer !

JP Nicol